L’intérieur de la nuit : Extrait

LEONORA MIANO
Partie étudier en France, Ayané revient à Eku, son village natal au cœur du continent africain. Elle découvre les lieux désertés par les hommes partis travailler à la ville. Peuplé de femmes, d’enfants et de vieillards, c’est un village malade rongé par la misère et l’ennui. Mais une guerre civile ravage le pays et un soir, des miliciens envahissent le village : ils veulent des enfants pour grossir leur armée et des filles aussi, pour leurs soldats... Mais surtout, ils viennent rendre à l’Afrique son âme véritable, son unité, en commettant la pire des transgressions : au cours d’une cérémonie, un enfant devra être mangé…
« La vie entière des Africains se passait à échapper à la mort. Ils ne semblaient même pas se rendre compte qu’elle les environnait. Elle était dans les cours d’eau au fond desquels proliféraient des vers. Elle était dans l’eau de boisson, dans les mares qui stagnaient aux abords des habitations, envoyant des nuées de moustiques couvrir le monde à la nuit tombée. La mort était partout dans la misère insalubre de l’Afrique. La mort était partout dans l’ignorance des populations. Et la mort était dans les traditions. […] La mort avait fait de l’Afrique son royaume. […] Il semblait cependant à Ayané que l’être africain qui méprisait cette mort multiforme, dansant et riant sur son dos, courbait l’échine devant elle sitôt qu’elle s’incarnait dans des chefs. Elle prenait forme humaine, tenait le chasse-mouche, arborait la chéchia en peau de panthère, et sévissait tout son saoul. »
Contact presse :
Bertrand Dubanchet
06 15 98 03 56
memoires-et-co@spectacle.net
« La vie entière des Africains se passait à échapper à la mort. Ils ne semblaient même pas se rendre compte qu’elle les environnait. Elle était dans les cours d’eau au fond desquels proliféraient des vers. Elle était dans l’eau de boisson, dans les mares qui stagnaient aux abords des habitations, envoyant des nuées de moustiques couvrir le monde à la nuit tombée. La mort était partout dans la misère insalubre de l’Afrique. La mort était partout dans l’ignorance des populations. Et la mort était dans les traditions. […] La mort avait fait de l’Afrique son royaume. […] Il semblait cependant à Ayané que l’être africain qui méprisait cette mort multiforme, dansant et riant sur son dos, courbait l’échine devant elle sitôt qu’elle s’incarnait dans des chefs. Elle prenait forme humaine, tenait le chasse-mouche, arborait la chéchia en peau de panthère, et sévissait tout son saoul. »
Contact presse :
Bertrand Dubanchet
06 15 98 03 56
memoires-et-co@spectacle.net